La cloche voyageuse prénommée “Marie-Anne”
La cloche en bronze qui se trouve actuellement dans le petit clocher de la chapelle de l’école Sainte Marie de Fontainebleau a, en effet, une odyssée bien mouvementée.
Fondue en 1687, elle fut donnée par le roi Louis XIV à l’hôpital d’Avon, la Charité royale des hommes, actuellement couvent des Carmes. L’archevêque de Sens vint lui-même bénir la cloche le 9 novembre 1687. Un beau profil de Louis XIV y figure dans un médaillon, entouré des armes du Grand Dauphin et de son épouse, ainsi que l’inscription suivante qui fait plusieurs fois le tour de la cloche : 1687, DU RÈGNE DE LOUIS LE GRAND MARIE-ANNE A ESTÉ BÉNITE EN CETTE ÉGLISE DE L’HOSPITAL DE LA CHARITÉ SAINTE (ANNE) D’AVON LEZ FONTAINEBLEAU TENUE PAR MONSEIGNEUR LE DAUPHIN ET MADAME LA DAUPHINE.
La hauteur de la cloche est égale à sa largeur : 55 centimètres, et pèse 110 kilos. Ayant sonné pendant plus d’un siècle les offices religieux de Saint-Jean-de-Dieu, la cloche attira l’attention des municipaux à la révolution. Suite à un décret du 13 frimaire an V, l’hôpital d’Avon fut réuni à l’hospice de Fontainebleau, et c’est vraisemblablement à cette date (28 décembre 1796) que la cloche de bronze quitta Avon pour se retrouver – après un court transit au bureau des cloches de Melun – à Fontainebleau, où la charité royale des femmes l’accueillit dans son clocher. Un siècle où la cloche ponctua tranquillement la vie quotidienne des Sœurs…
En 1891, après les décrets de laïcisation qui entraînent le départ des Sœurs, la Supérieure obtient du conseil municipal de Fontainebleau de « démanger » la cloche, avec la communauté, au n° 71 de la rue saint Honoré. Après un séjour dans trois clochers différents – fait assez rare pour une cloche – elle se trouve actuellement dans le clocher de l’école sainte Marie. Pendant longtemps elle a rythmé les offices religieux de l’école.
Le rêve que je porte au plus profond de mon cœur, cette que cette magnifique cloche, prénommée Marie-Anne, retrouve sa vocation première, à savoir sonner à nouveau pour le plus grand bonheur des bellifontains, sans oublier les élèves et les enseignants de l’école sainte Marie.
Père José +