Qui sera sauvé ?

La question semble se poser de façon moins aiguë pour les chrétiens  d’aujourd’hui, avec le risque, peut-être, de prendre le salut comme un dû ou encore de le banaliser et de perdre du vue les enjeux d’un tel questionnement.

La question qui est posée ce dimanche  à Jésus prend place dans un contexte bien spécifique : celui de sa montée vers Jérusalem, qui verra « son exode ». A l’imminence de l’événement pascal correspond l’urgence de se décider effectivement pour le Christ. Rien n’est « gagné », rien n’est « assuré ». Il suffit de considérer ceux qui se retrouvent devant une porte close alors même qu’ils ont mangé et bu avec Jésus. Et cela, pour s’être contentés d’être les témoins passifs d’un enseignement en ne s’engageant pas pour la justice. Disqualifiés, ils ne peuvent donc se prévaloir de leur appartenance au peuple de Dieu. Certes, comme le dit saint Paul aux Ephésiens : « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés (…). Cela  ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (Ep 2, 8). Mais ce don appelle une réponse, un espace d’accueil creusé par la reconnaissance de son incapacité à accéder par soi-même à la vie en plénitude.

Ce manque de réponse et  d’engagement de notre part  vient  qu’à un moment ou à un autre, nous  avons une  sensation de « porte étroite », parce que nous sommes encombrés de nous-mêmes, ce qui nous empêche de nous ouvrir à l’inattendu de Dieu et de l’autre.  Saint Luc ne cache pas qu’il s’agit de « s’efforcer » car rien n’est acquis. En effet, notre appartenance à la communauté des croyants ne nous dispense pas, loin s’en faut,  de la conversion et de la folie de la croix.

Le Royaume n’est donc pas un avantage acquis par les premiers de la classe,  mais le don accordé à ceux et celles qui reviennent de loin et reconnaissent humblement qu’ils ne s’en sortiront pas tout seuls. L’évangile est un guide irremplaçable pour nous approcher du Christ. Il est la porte étroite par laquelle nous devons tous passer. Mettons donc toute notre énergie à croire au Christ en l’accueillant dans nos vies.

Père José