Faire confiance. Tel est le mot d’ordre de ce 19e dimanche du temps ordinaire. La totale confiance, l’abandon à la miséricorde doivent caractériser les disciples de Jésus car il nous a révélé combien le Père prend soin de nous.
Jésus se présente dans ce passage de l’évangile comme le pain de vie, (6,35.38) telle une manne désormais définitive qui vient étancher toute soif et toute faim. Et comme autrefois avec les hébreux au désert, au temps de la manne, les récriminations se font entendre.
Ce n’est pas, à cet instant, l’affirmation « je suis le pain de vie » qui surprend les Juifs pieux, présents ici. Leur remarque porte sur l’origine même de celui que la foule considère comme le Prophète messianique annoncé.
Jésus est-il issu de Joseph – c’est-à-dire des hommes – ou du ciel – c’est-à-dire de Dieu ? La remarque de ces quelques contestataires rend compte du malentendu à son propos. Comment cet homme peut-il déclarer descendre du ciel puisqu’il est né au sein du peuple, en bas ? C’est bien le mystère du Verbe fait chair qui est ici soulevé et bien plus. Dans la pensée biblique, il y a toujours cette difficulté à faire se rejoindre le monde céleste de Dieu (éternellement saint, pur, parfait, glorieux, puissant) et le monde terrestre (souvent pécheur, faillible, mortel, impur…). Cet impossible contact – sinon dans la pureté parfaite et impossible – trouve maintenant sa réalité dans cette folle initiative de Dieu : en Jésus, le Verbe de Dieu s’est fait chair et a rejoint, par pure grâce, le monde des hommes en vue de leur salut.
Après la multiplication des pains, la foule avait saisi – pour une part – le signe de cette nouvelle manne. Avec ce passage, nous franchissons un cap. Le pain n’est plus seulement une manne alimentaire, ni même uniquement le pain de la Parole, c’est le Christ lui-même, jusque dans sa chair, qui est Manne, Parole et Vie éternelle. Dans le langage biblique, la chair ne se réduit pas au concept charnel de corps, elle implique toute la personne avec son histoire, son caractère, sa foi, ses relations sociales… Ainsi par ce pain de vie, sa chair, Jésus désigne toute sa personne, toute sa vie. Une vie entièrement offerte.
Ce don n’est pas destiné uniquement à une vie saine, un bien-être personnel. Ce don du pain ne se résume pas non plus à des paroles de sagesse, de piété, de la charité… Dans ce passage, Jésus offre un pain vivant pour vivre éternellement. Cette vie éternelle dit tout le projet de Dieu pour son peuple: ne plus en être séparé, n’en perdre aucun pas même une miette, pas même dans la mort. Cette vie éternelle ne désigne pas un lieu, un après, mais l’amour même de Dieu à chaque instant et pour chacun. Il veut faire toujours vivre et encore. L’accès à l’éternité représente le don de l’amour que Dieu offre en son Fils.
Père José