Thérèse de l’Enfant Jésus – 150 ans!

4 janvier 1873 Baptême de Thérèse église Notre Dame d’Alençon


L’année 2023 marquera les 150 de la naissance de Thérèse de l’enfant  Jésus !

Thérèse Martin, en religion sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, plus connue sous les noms de sainte Thérèse de Lisieux et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, est une religieuse carmélite française née à Alençon, dans l’Orne, le 2 janvier 1873 Cet anniversaire sera l’occasion de découvrir ou de (redécouvrir cette belle âme qui a marqué et qui continue à marquer, par delà les frontières, tant de générations jusqu’à être honorée par l’UNESCO sous le titre de « Figure de pax et de culture » et ce jusqu’à la fin de l’année 2023. Proclamée Docteur de l’Église par Jean- Paul II, en 1997, la petite carmélite morte à l’âge de 24 ans  reste, pour notre monde d’aujourd’hui,  un grand témoin de la foi. Ses reliques  voyagent régulièrement à travers  le monde entier. Et cela va continuer de plus belle en 2023.

Certes, une image à « l’eau de rose »  colle parfois  à sa peau à travers les tableaux où on la représente souvent avec un bouquet de roses, un crucifix et un sourire sage. Le cliché n’est pas entièrement faux, mais il est terriblement réducteur car,  quand on reprend  plus sérieusement ses textes, on s’aperçoit que le vocabulaire guerrier y domine largement. En effet, elle a dompté ses passions égoïstes, elle a lutté, notamment, contre la religion un peu rance et puritaine transmise par certains de ses aumôniers. La claque que fut la découverte intime de l’Evangile l’a décidée à aimer concrètement, dans chaque instant de sa vie. Tous les témoignages l’attestent. C’est une véritable passionnée ! Après une adolescence quelque peu capricieuse où elle était parfois insupportable et où son « hypersensibilité” n’était pas canalisée  elle a compris,  à l’âge de 14 ans, que le don entier d’elle-même, par amour des autres, pourrait la combler. La grâce de Noël 1886 est le grand tournant de sa vie, c’est le moment où elle comprend que la liberté humaine est le canal de la grâce. Le Seigneur attend de nous que nous mettions concrètement sa Parole en pratique. Elle a également compris qu’il s’agit de mourir à soi-même pour laisser Jésus aimer en elle, à travers des actes concrets. Elle écrit : « on ne peut faire aucun bien lorsqu’on se cherche soi-même ».

Chez les catholiques, Thérèse demeure la sainte  plus connue  avec Jeanne d’Arc. Elle est également appréciée et respectée par les théologiens, notamment par Hans Urs von Balthasar  qui  fut l’un des plus grands théologiens du XXe siècle. Son héritage ne réside  donc pas dans un petit recueil de phrases, mais dans son incroyable intelligence théologique, mêlée de bon sens et d’humour.

Thérèse a une compréhension de l’Evangile éblouissante. Elle ne supportait pas, entre autres, qu’on puisse  véhiculer l’image d’un Dieu punisseur, aux antipodes du vrai Dieu de tendresse. « Moi, si j’avais commis tous les crimes possibles, je garderai la même confiance », affirmait-elle avec audace. Et un an après son entrée au Carmel, elle écrivait : « Je suis venue pour sauver les âmes et surtout pour prier pour les prêtres ». Elle avait une conscience très vive de la solidarité qui relie les hommes et les femmes entre eux, comme les membres d’un seul corps. Pour elle, la prière est un mode d’action redoutable.

Thérèse a grandi  dans une famille très chrétienne, au cœur débordant de tendresse. Mais, n’oublions pas qu’elle fut également durement éprouvée : sa mère meurt alors qu’elle n’a que 4 ans,  elle tombe violemment malade après l’entrée de sa sœur Pauline au carmel, mal dont elle est miraculeusement guérie, à l’école elle souffre de moqueries. Elle devra encore se battre pour entrer au carmel contre l’avis de tous, puis elle souffrira de la maladie de son père  et, enfin du terrible calvaire  de sa tuberculose, à quoi s’ajoutera sa nuit de la foi !

« Pas d’amour sans souffrance disait-elle ». Thérèse rappelle de manière salutaire que l’amour n’est pas seulement un sentiment, mais un acte de volonté. Seul l’amour rend heureux. Cependant, cet amour est un combat, car notre tendance à l’égoïsme cherche toujours à prendre le dessus. L’amour est un arrachement à soi-même pour le bonheur des autres (et de soi-même). Or , tout combat entraîne des blessures. Notons que Thérèse parle davantage de vie communautaire quotidienne (à la cuisine, à la buanderie, au jardin etc.) que de mysticisme désincarné. Le plus important est de mettre en pratique les commandants d’amour du Bien-aimé.

Cette année 2023, ne manquons donc pas de lire ou de relire certains de ses écrits. Nous serons toujours interpellés  par leur dimension spirituelle et, contre toute attente, frappés également par son humour. Le critère d’un texte n’est-il pas sa capacité à nous faire rire ? Mais ce qui impressionne le plus c’est sa clairvoyance sur elle-même, sa capacité à dire les choses et  son réalisme extrêmement frais.

Père José