Saint François de Sales
Le pape François et saint François de Sales
À l’occasion du quatrième centenaire de la mort de saint François de Sales, évêque de Genève de 1602 à 1622, dont la spiritualité a nourri l’Europe, le Saint Père s’est interrogé, dans sa nouvelle lettre apostolique, sur l’héritage de ce grand témoin pour notre époque, et il a trouvé éclairantes sa souplesse et sa capacité de vision.
Dans un premier temps, le pape François a repris à son compte les mots de Benoît XVI au sujet de celui qui fut proclamé en 1877 Docteur de l’Église : « C’est un apôtre, un prédicateur, un homme d’action et de prière ; engagé dans la réalisation des idéaux du Concile de Trente ; participant à la controverse et au dialogue avec les protestants, faisant toujours plus l’expérience, au-delà de la confrontation théologique nécessaire, de l’importance de la relation personnelle et de la charité ; chargé de missions diplomatiques au niveau européen, et de fonctions sociales de médiation et de réconciliation. »
Pour le pape François, le « saint évêque d’Annecy » [il fut évêque de Genève avec résidence à Annecy] a eu « la nette perception d’un changement d’époque ». Il a su penser un monde en « transition rapide » et le Pape en tire un enseignement pour le monde d’aujourd’hui.
« Une Église non autoréférentielle, libre de toute mondanité mais capable d’habiter le monde, de partager la vie des personnes, de marcher ensemble, d’écouter et d’accueillir. C’est ce que François de Sales a accompli en déchiffrant son époque, avec l’aide de la grâce », insiste le Pape.
Pour aider les chrétiens à « habiter le changement avec une sagesse évangélique », le Pape reprend dans sa lettre trois axes fondamentaux de la pensée de François de Sales.
Le premier consiste à relire la « relation heureuse entre Dieu et l’être humain », thème clé de son fameux Traité de l’amour de Dieu (1616). Pour le fondateur de l’ordre de la Visitation avec Jeanne de Chantal, il s’agit de réaliser que Dieu n’impose rien à sa créature de manière despotique ou arbitraire mais lui apprend à marcher « comme le fait un papa ou une maman avec son enfant ».
Le deuxième élément de l’œuvre de saint François de Sales mis en avant par le Pape est sa réflexion sur la dévotion. « La description de la fausse dévotion par François de Sales est savoureuse et toujours actuelle et il n’est pas difficile pour nous de nous y retrouver, non sans une touche efficace de sain humour », relève le Pape, rapportant un certain nombre d’exemples. « L’autre tire fort volontiers l’aumône de sa bourse pour la donner aux pauvres, mais il ne peut tirer la douceur de son cœur pour pardonner à ses ennemis », cite-t-il ainsi.
Pour le saint de Savoie, « la vraie et vivante dévotion […] présuppose l’amour de Dieu, ainsi elle n’est autre chose qu’un vrai amour de Dieu ». Par ailleurs, note le Pape, le théologien ne sépare jamais « la charité et la dévotion » qui sont pour lui comme la flamme et le feu.
Enfin, le pape François souligne que l’évêque d’Annecy considérait la vie chrétienne comme « l’extase de l’œuvre et de la vie ». Mais il prévient immédiatement : cette extase ne doit pas être confondue avec « une fuite facile » et « encore moins avec une obéissance triste et grise », pointant du doigt ce « danger » qui menace la vie chrétienne et fustigeant les chrétiens aux airs de « carême sans Pâques ». La bonne extase (…) « implique une véritable sortie de soi »
Citant largement François de Sales, le Pape décrit l’extase comme « une vie qui a retrouvé les sources de la joie, contre toute aridité, contre la tentation du repli sur soi ».
Pour François, le grand critère qui permet de discerner la bonne extase est de savoir si elle « implique une véritable sortie de soi ». En d’autres termes, « celui qui prétend s’élever vers Dieu, mais ne vit pas la charité envers son prochain, se trompe lui-même et trompe les autres.
Père José+