La consternation et la colère des soignants sur la fin de vie !

 

La consternation et la colère des soignants sur la fin de vie !

C’est avec consternation, colère et tristesse que les soignants, réunis au sein du collectif sur la fin de vie, ont pris connaissance de l’interview du Président de la République. Avec une grande violence, le chef de l’État annonce un système bien éloigné des besoins des patients et des réalités quotidiennes des soignants, avec en perspective de graves conséquences sur la relation de soin. Les organisations professionnelles et sociétés savantes font malheureusement les constats suivants :

  • Un aveuglement : le président fait l’éloge d’un « cheminement démocratique » et d’une « réflexion transpartisane » alors même que le gouvernement a fait le choix de la brutalité en ignorant la parole des soignants, qui n’ont pas été consultés depuis septembre dernier.
  • Un calendrier indécent : E. Macron fait référence dans cet interview à ce qui est écrit dans le projet de loi, annonce la transmission d’un texte au Conseil d’État « d’ici huit à dix jours » et un examen en mai. Or, ceux qui devront appliquer cette loi n’ont pas été consultés sur un texte à l’évidence déjà rédigé.
  • Un mépris du travail des soignants : le président annonce « une vraie révolution d’humanité et de fraternité en action », et prend comme exemple une obligation d’aller à l’étranger des patients atteints de cancer en phase terminale, sans reconnaître l’engagement quotidien auprès de ceux qui vont mourir des professionnels de santé. Il emploie un procédé rhétorique visant à minimiser la capacité à accompagner la fin de vie dans la dignité, qui justifierait le bien-fondé de l’aide à mourir, pour mieux masquer l’insuffisance de moyens en soins palliatifs.
  • Un modèle ultra-permissif: le dispositif décrit emprunte à toutes les dérives constatées à travers le monde. Aucun pays n’envisage l’administration de la substance létale par un proche.
  • Une confusion sur le sens du soin: d’après le Président, on « n’oppose plus » la mort provoquée aux soignants en soins palliatifs, alors même que ceux-ci répètent que leur mission n’est pas de donner la mort.
  • Des annonces dérisoires sur l’accompagnement de la fin de vie : E. Macron annonce une augmentation du budget annuel des soins palliatifs de 6%, alors même que 50% des patients n’ont pas accès à un accompagnement adapté.
  • Une méconnaissance de l’ambivalence du désir de mort : « deux jours » sont prévus pour « tester la solidité de la détermination », la réponse devant intervenir dans un « délai de quinze jours maximum ». Qui pourra être en mesure d’estimer le « discernement plein et entier » requis pour accéder à la mort provoquée ?
  • Un manque de considération pour les personnes vulnérables et âgées, qui seraient les premières concernées par ce dispositif. L’impact de la mort provoquée sur les proches et sur la société n’est pas non plus évoqué, tout comme le sentiment de culpabilité d’un proche ou d’un soignant qui aurait provoqué cette mort.
  • Une confusion lexicale regrettable: le président retient le terme d’« aide à mourir », en n’assumant pas que les options retenues relèvent de l’euthanasie et du suicide assisté.

Mourir dans la dignité est une demande bien légitime, mais c’est précisément la mission des soins palliatifs notoirement sous-dotés, insuffisamment connus et trop peu disponibles en France. Supprimer les malades pour supprimer le problème à moindre coût, voilà ce qu’en somme propose cette annonce. Dans les jours à venir, le collectif soignant va se réunir pour déterminer les modalités de mobilisation face à ce projet qui va à l’encontre des valeurs du soin et du non-abandon qui fondent notre modèle français d’accompagnement de la fin de vie. Sources : Agence Coalitio