« Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » (Jn 6, 51)

En cette fête du Saint Sacrement, ayons en mémoire ce qu’écrivait le cardinal Henri de Lubac (1896-1991) : « l’Église fait l’Eucharistie, et l’Eucharistie fait l’Église… ». Pour ma part, je crois que tous les sacrements font l’Église, le baptême en premier lieu. Mais l’affirmation vaut éminemment pour l’Eucharistie. Le thème a également été repris par le pape saint Jean-Paul II dans son Encyclique sur l’Eucharistie en 2003.

Dans la deuxième lecture, St Paul dit aux Corinthiens « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps » (1 Co 10, 16-17).

Oui ! C’est le Corps et le Sang du Christ reçus dans la communion eucharistique qui font de nous son peuple, son assemblée sainte, son Corps. Ces versets de Saint Paul invitent à aller plus loin dans la lecture de cette Lettre, en particulier les chapitres 12 et 13 : le premier traitant de l’unité et de la diversité des membres du Corps du Christ ; le second, de la charité, laquelle a toujours une dimension pascale.

L’unité dont il est question n’a rien à voir avec la volonté de nier les singularités, bien au contraire. Saint Paul a cette phrase magnifique : « puisqu’il n’y a qu’un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps ». Ce qui nous fait mieux comprendre que nous recevons notre unité, donc notre vie, du don de Dieu. Nous ne partageons vraiment le pain que si nous nous laissons transformer en disant : « Je me souviens que j’appartiens à ce corps de salut et cela change ma vie ». Voilà qui nous invite enfin à ne pas réduire l’Église à sa seule hiérarchie ou à ses seules dimensions institutionnelles et juridiques, mais à la vivre comme une communauté en marche, impliquée dans une aventure qui la dépasse et dont nous sommes pleinement partie prenante.

Oui, frères et sœurs, célébrer le Corps et le Sang du Christ, ce n’est pas une mince affaire… Quelle exigence ! Mais aussi quelle grâce : le Christ se donne lui-même à nous, sans aucun mérite de notre part. Simplement parce qu’il nous appelle ses amis et qu’il veut que nous vivions. Nous savons en qui nous avons notre demeure, en Jésus qui a donné sa vie pour nous. Puissions-nous y goûter la paix ! Pour la vie éternelle !

Père José