Nous voici donc à la dernière partie du discours de Jésus à ses disciples. Avec les Béatitudes (6,17-26), Jésus mettait en lumière l’honneur donné aux disciples pauvres et mettait en garde contre ces richesses qui détournent d’un vrai bonheur. Tout disciple est ainsi invité à abandonner les principes mondains de réussite, au profit d’une fidélité prophétique et intangible à l’Évangile, sa vraie richesse.
Dans la seconde partie (6,27-38), Jésus plaçait les disciples au sein d’une opposition violente face leurs ennemis. Là encore, le disciple, pauvre ou riche, devait abandonner le principe même de la vengeance et de la brutalité au profit d’actions étonnamment désarmantes et favorables. En témoignant – en actes – de la miséricorde de Dieu envers tout pécheur, à l’image de Jésus, le disciple peut s’honorer du titre enviable de Fils du très-Haut.
Ce dimanche, à partir de plusieurs métaphores, le discours de Jésus pointera sur la nécessité de vivre en frère. Après les richesses et les représailles, c’est la suffisance, l’orgueil et la prétention à dominer son frère que le disciple doit également abandonner.
Avec ces trois renoncements, Luc place comme critère de foi au Christ le rejet de toute domination sur un frère, sur l’humanité ou sur Dieu. Jésus invite donc à une profonde et durable conversion intérieure à l’écoute de Sa Parole comme le dira la conclusion de ce discours (Lc 6,46-49).
Dans Son enseignement, Jésus demande au disciple d’être plus attentif à voir en Lui ce qui peut constituer un aveuglement, un obstacle sur le chemin de l’Évangile avant d’aller aider son frère à y voir mieux. Il invite au sage discernement qui permet de reconnaître ses propres imperfections avant de reconnaître celle des autres. Car les égarements, les aveuglements du disciple pourraient conduire ses frères à leur perte. C’est la posture du disciple qui se sait tout autant, voire davantage pécheur que son frère, mais qui sait aussi que celui-ci a besoin de lui sur la même route de l’Évangile. C’est cette humilité qui porte du fruit jusque dans la miséricorde fraternelle.
Le trésor de sa Parole façonne le disciple pour que sa foi déborde de bons fruits avec un cœur qui voit son frère avec les yeux du Christ, un cœur fragile mais heureux jusque dans sa pauvreté, miséricordieux face à l’outrage, humble dans la charité fraternelle, mais solide à l’écoute de la Parole.
Père José