« Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! »

Pour situer cette histoire, dans les évangiles, Jésus vient d’avoir une discussion animée avec les pharisiens sur le pur et l’impur : et évidemment ceux-ci ne l’ont pas accepté, aussi Jésus se retire dans une « contrée étrangère », car il sait que là, les pharisiens ne le suivront pas. Tyr et Sidon sont pour les juifs des terres impures … Ce passage de saint Matthieu nous parle d’une « étrangère » et de l’ouverture qu’on doit avoir envers ceux et celles qui sont différents de nous.

Qu’apprenons-nous de Jésus ce dimanche ?

« Jésus s’était retiré vers la région de Tyr et de Sidon ». Jésus vit ce moment significatif de nos vies, celui où nous prenons du repos par rapport à notre travail, à notre tâche, à notre mission, où nous existons autrement, en dehors du cadre habituel de notre existence. Il  prenait du repos, il cherchait, il se reposait, il contemplait.  Il était disponible à ce qui advenait. Il se laissait devenir dans sa vie.

« Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël » Là aussi, la réponse de Jésus signe surtout un refus de la toute-puissance qui consisterait à faire tout, partout, tout le temps comme un super-héros, sans aucun vis-à-vis personnel à la mise en œuvre de sa puissance. Il a reçu une mission qui, comme telle, à sa mesure, son cadre, ses limites. Cela donne ainsi place à l’autre : annoncer aux gens de son peuple la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, spécialement à ceux qui sont en difficultés, en annonçant de telle manière qu’ils puissent répondre eux-mêmes.

Que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! » Jésus rencontre cette femme dans un vrai dialogue, loin du bruit causé par les disciples. A travers l’échange, en tenant justement sa propre position, [il n’est pas là pour tout faire, dire amen à tout], Jésus permet à l’autre de s’exprimer et de dire combien ce qu’elle veut [la guérison de sa fille]. La foi de cette femme est grande car justement, humainement située, pleinement ouverte vers l’autre, respectueuse, reconnaissante. Étant ainsi justement située, le miracle peut s’opérer de lui-même : « Que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! ». La volonté juste de la femme  déplace, pour la première fois, celle de Jésus.

La leçon que Jésus nous enseigne aujourd’hui : nous ne sommes pas plus saints que les autres, devant Dieu nous sommes tous de pauvres pécheurs, et Jésus est venu pour nous sauver tous, pour nous délivrer de l’emprise du mal dans notre cœur, dans notre vie.  Il nous appelle à changer notre regard, et notre comportement.

La grande foi de cette femme, le cadeau qu’elle nous fait, à nous, c’est de nous rappeler qu’il ne peut pas y avoir de pain rompu sans qu’il y ait des miettes… La part minuscule, la part insignifiante, la part perdue, celle qui tombe d’elle-même, celle qui ne nourrit pas mais qui porte toute consolation,
c’est la part certaine, elle ne nous fera pas défaut, nul ne peut nous la refuser. Jésus le sait qui se fait miette lui-même, pain rompu, pour nous et pour le salut du monde.

 

Père José