Père Philippe Marchand – 25 ans de sacerdoce

Une messe d’action de grâce sera célébrée  mardi 8 février à 9h30 à l’Eglise st Louis de Fontainebleau pour le jubilé d’argent du sacerdoce du père Philippe Marchand

 

Père Philippe, nous allons fêter votre jubilé d’argent (25 ans de sacerdoce)

Oui, pour ma plus grande joie, j’ai été ordonné prêtre le 4 janvier 1997, à Ars. J’appartenais alors à la Fraternité de Marie, Reine immaculée, au sein de laquelle est née ma vocation sacerdotale.

Quelles sont les origines de votre vocation ?

J’ai grandi en région parisienne, dans une famille catholique, mais à l’âge de l’adolescence, comme cela arrive à nombre de jeunes (!), je me suis très fortement éloigné du Christ et de l’Eglise.

Un peu plus tard, lorsque j’étais étudiant, à l’université, j’ai été animé par le désir ardent, et exigeant, de découvrir le sens de la vie, de ma vie ! Après une quête intense, c’est la personne du Christ qui a surgi, comme révélation de l’Amour infini de Dieu pour moi et pour chacun. Ma vie a été totalement transformée, et j’ai eu rapidement le désir très profond, et joyeux, de Lui donner toute ma vie.

Ce n’est cependant qu’une dizaine d’années plus tard, en 1988, à la suite de mes études supérieures et après cinq ans de vie professionnelle, que je suis arrivé à la Fraternité de Marie, Reine Immaculée. Un an plus tard, je suis entré au séminaire, à Paray-le-Monial.

 

On devine que la spiritualité mariale tient une place importante dans votre vie spirituelle …

C’est vrai ! La Vierge Marie a toujours été très présente dans mon cœur et dans ma vie de prière. Je me souviens de mon travail de Mémoire de maîtrise de théologie, qui a eu pour objet « La Médiation maternelle de Marie », et qui m’a profondément marqué, m’ayant permis de mieux découvrir la place de Marie dans la vie de l’Eglise et de tout disciple du Christ : comblée de la grâce de Dieu pour être la Mère de Dieu, elle a pour mission d’aider chacun être uni à son Fils comme elle-même Lui a été unie, dans la foi et dans l’amour. Je sais, à l’intime de mon cœur, qu’elle m’a toujours accompagné. Si j’ai osé me décider à m’orienter vers le sacerdoce, c’est parce que je savais pouvoir compter sur sa présence et sur sa prière maternelle et royale.

 

Quelles ont été les grandes étapes de votre ministère ? 

Jusqu’en 2018, c’est comme membre de la Fraternité de Marie, Reine immaculée, que j’ai exercé mon ministère, ce qui explique la diversité des lieux où j’ai vécu et que je vais évoquer :

Après mes études de théologie, j’ai tout d’abord été envoyé dans un sanctuaire du diocèse de Belley Ars dédié à Saint Pierre Chanel *– au cœur de la Bresse, là où ce saint est né. Sa devise était : « Aimer Marie, et la faire aimer » ! J’y ai vécu une mission d’accueil spirituel, d’enseignement, qui m’a marqué.

J’ai passé ensuite un an au Liban, que j’ai passionnément aimé. Vous savez combien ce pays, profondément marqué par la foi chrétienne et lié à la France depuis St Louis, est en situation de souffrance ! Les Libanais ont toujours à cœur ces deux réalités, et j’ai été vraiment heureux de pouvoir être proche d’eux durant ce temps. Je leur demeure uni, particulièrement dans la prière. 

Ensuite, et durant 8 ans, j’ai été chapelain à la basilique de Sainte Anne d’Auray, dans le Morbihan, avec les missions de célébration de la liturgie et « d’accueil spirituel ». J’y ai vécu, avec une grande intensité, la célébration du sacrement de la réconciliation et j’ai pu aussi accompagner bien des personnes. Quelle joie pour le prêtre d’avoir reçu la grâce d’être ainsi instrument du Christ, de pouvoir communiquer sa Miséricorde !

C’est à partir de septembre 2013 que je me suis trouvé impliqué sur les paroisses du « pôle missionnaire de Fontainebleau .

 

Quelles sont, plus spécifiquement aujourd’hui, vos missions sur le Pôle ? 

Elles sont diverses, comme pour tout prêtre aujourd’hui ! Je suis prêtre référent pour les paroisses de Chartrettes et de Fontaine le Port. Prêtre référent également, pour le catéchuménat, ayant la joie de voir l’œuvre de Dieu dans les cœurs de tous ces adultes qui demandent à être baptisés, confirmés. Je fais aussi partie de l’équipe animatrice pour la préparation au mariage.

Je suis également aumônier de l’hôpital de Fontainebleau, et prêtre référent pour le Service de l’Evangile auprès des personnes malades.

Ces missions auprès de nos frères et sœurs souffrants ou âgés me tiennent particulièrement à cœur, et j’essaie de faire de mon mieux pour répondre aux appels du Seigneur à travers eux.

 

Pouvez-vous développer ? D’où vous vient ce souci de l’accompagnement ? 

Ce ministère auprès des personnes souffrantes me permet de percevoir de manière toujours renouvelée l’infinie compassion du Seigneur pour elles, le désir ardent qu’Il a de rejoindre ceux qui sont dans l’épreuve, et qui parfois se sont éloignés de Lui. L’épreuve de la maladie est pour beaucoup l’occasion de Lui ouvrir leurs cœurs d’une manière nouvelle. Quelle grâce pour moi, comme prêtre, d’être témoins et instrument de sa Miséricorde ! Le sacrement des malades est une telle source de grâces pour nos frères et sœurs souffrants ! Il est source de Paix, de force, d’espérance.

Durant la pandémie, mes visites régulières à l’hôpital et dans les EPHAD du secteur, comme celles des autres prêtres, ont été bien sûr importantes pour toutes ces personnes, et aussi pour certains membres du personnel soignant, car elles témoignaient du fait que l’Eglise, et donc le Seigneur, ne les abandonnaient pas, alors qu’elles vivaient souvent des situations de grandes solitude.

Dans le cadre de mon apostolat, j’effectue également, des visites à domicile. Vous savez combien de personnes âgées se trouvent aussi isolées chez elles…

 

Je peux ajouter à cela que j’ai sans doute été fortement marqué par la maladie de mon père qui a été atteint de la maladie Parkinson, très jeune, à l’âge de 38 ans… Au moment de l’adolescence, je l’ai très mal vécu, j’étais révolté et je n’arrivais à l’accepter, ce qui m’a éloigné de lui, pendant un certain temps, mais plus tard, nous avons eu, ensemble, une très belle relation… Il avait une foi très profonde, dont il a vécu jusqu’au bout.j’ai aussi la joie de pouvoir accompagner spirituellement d’autres paroissiens bien sûr, qui ne rentrent pas dans les catégories sus-citées ! Cela m’apparaît être une dimension essentielle de la vie du prêtre.

 

Et la joie de transmettre ? 

J’ai bien des occasions de vivre cette mission de « transmission », et particulièrement dans le cadre du catéchuménat, mais aussi auprès des fiancés, lors des réunions de préparation au mariage. Je me sens bien à ma place, c’est vrai, dans cet aspect de mon ministère. C’est de fait pour moi une grande joie que d’aider mes frères et sœurs à mieux découvrir la richesse de la Parole de Dieu, la foi de l’Eglise ! J’aime beaucoup également le contact avec les enfants, lors des messes mensuelles (MAE), par exemple, qu’ils animent à Chartrettes – il me semble que le courant entre nous passe bien !

Ces deux missions d’accompagnement et d’enseignement me semblent bien se compléter l’une l’autre. Elles sont un peu, je dirais, et depuis longtemps, les deux piliers de mon ministère sacerdotal.

 

On sent la profondeur de votre intériorité et la richesse de votre vie spirituelle : vous avez un côté très contemplatif … A quelle(s) source(s) puisez-vous ? 

Ce qui est certain, c’est que nous sommes tous appelés à une vie intérieure, à une vie d’intimité avec le Christ ! J’aime beaucoup cette parole de Jésus : « je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis » (cf. Jn 15, 15). Pour ma part, l’Eucharistie, célébrée et adorée quotidiennement, est vraiment cette source à laquelle, depuis longtemps, je me suis senti appelé à puiser. La prière du chapelet m’a également toujours accompagné : je sais d’expérience que la Vierge Marie est celle qui m’a toujours aidé à poursuivre la route qui m’était offerte, malgré toutes mes infidélités et mes faiblesses !

Cette vie d’intimité avec le Christ est la condition « sine qua non » d’une fécondité missionnaire. « Sans moi, dit Jésus, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5). On ne peut transmettre que ce que l’on vit !

 

Enfin, la confiance de Mgr Nahmias et du Père José – qui m’accueillent, en vérité, avec mon itinéraire un peu particulier – m’est infiniment précieuse. Je me sens fraternellement écouté et accepté par eux tel que je suis. Je leur en suis très reconnaissant. Je le suis également vis-à-vis de mes autres frères prêtres, avec lesquels nous vivons, réellement, une belle fraternité sacerdotale, source de joie et de vie !

 

Pour conclure cet entretien, auriez-vous un souvenir particulièrement marquant à nous faire partager ?

En choisir un seul m’est difficile, il y a eu tellement de moments forts…

Je me souviens de Jeanne, en soins palliatifs : je lui avais donné l’onction des malades et je lui apportais régulièrement l’Eucharistie durant les jours qui ont précédé son départ.

A deux reprises, après avoir communié, des larmes ont coulé de ses yeux, et elle a dit ceci : « comme Dieu m’aime ! ». Cela a aussi été pour moi une expérience bouleversante : je « touchais du doigt » la présence et la tendresse du Christ ressuscité pour elle !

Tous ces retours à Dieu, dont je suis témoin, sont merveilleux… Oui, merci Seigneur de m’avoir appelé à te suivre comme prêtre !

 Entretien : Catherine Philippe

(* Père mariste, contemporain du curé d’Ars, qui a évangélisé l’île de Futuna, dans le Pacifique Sud où il a été tué en 1841, devenant ainsi le premier martyr de l’Océanie, dont il est, aujourd’hui, le saint patron).