En ce lundi de Pâques 2025,
à 7 h 30, notre Saint Père, le pape, a rejoint le Père Éternel qu’il a aimé et servi durant toute sa vie.
Une messe à sa mémoire a été célébrée lundi soir, à 18 h 30, en l’église saint Louis.
« Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra » Jn 11,25
En union de prière, Père José+
Homélie prononcée par le père Philippe
lors de la messe à l’intention du pape François
Chers frères et sœurs, je pense que nul d’entre nous ne doute que le Seigneur nous a adressé un signe en rappelant notre Pape François en cette octave de Pâques en laquelle l’Eglise célèbre la résurrection du Christ, la victoire de son amour sur le mal, sur le péché et sur la mort. De fait, François a été profondément uni au Christ, mort et ressuscité pour nous et, à la suite de l’Apôtre Pierre, il a consacré toute sa vie à la proclamation de ce mystère, qui est le fondement de notre foi : « Christ est ressuscité ! » ; oui, Dieu lui-même, en son Fils bien-aimé, est venu nous rejoindre en toutes nos ténèbres, en toutes nos morts, pour les illuminer de la lumière de son amour, un amour qui est source de vie, de résurrection.
Nous venons d’entendre ce passage de l’Evangile qui nous relate la visite que font Marie de Magdala et l’autre Marie au tombeau où le corps de Jésus avait été déposé, ainsi que leur rencontre avec le Christ ressuscité (Mt 28, 8-15). Ce récit peut nous être une aide précieuse aujourd’hui pour reconnaître et accueillir de manière renouvelée l’héritage que François a voulu laisser à toute l’Eglise.
Comme les Apôtres eux-mêmes, ces femmes n’avaient pas compris les paroles que Jésus leur avait dites quant au fait qu’il ressusciterait : comment un mort pourrait-il surgir du tombeau, ne pas demeurer sous l’emprise de la mort ?! Or, le tombeau est vide, et l’Ange leur annonce que le Christ est ressuscité ! A l’invitation de l’Ange, elles courent alors porter la nouvelle à ses disciples, « émues et pleines de joie ». Dans sa première encyclique, « La joie de l’Evangile », en laquelle François nous a appelés à être des « disciples-missionnaires », il nous a aussi tous invités à être habités par cette même joie, par ce même enthousiasme, que ceux de ces deux femmes, pour proclamer ce qui est le cœur de notre foi, de notre vie :
« Parfois, nous perdons l’enthousiasme pour la mission en oubliant que l’Évangile répond aux nécessités les plus profondes des personnes, parce que nous avons tous été créés pour ce que l’Évangile nous propose : l’amitié avec Jésus et l’amour fraternel. (…) L’enthousiasme dans l’évangélisation se fonde sur cette conviction. Nous disposons d’un trésor de vie et d’amour qui ne peut tromper, le message qui ne peut ni manipuler ni décevoir. C’est une réponse qui se produit au plus profond de l’être humain et qui peut le soutenir et l’élever. C’est la vérité qui ne se démode pas parce qu’elle est capable de pénétrer là où rien d’autre ne peut arriver. Notre tristesse infinie ne se soigne que par un amour infini. (…) Cette conviction, toutefois, est soutenue par l’expérience personnelle, constamment renouvelée, de goûter son amitié et son message. On ne peut persévérer dans une évangélisation fervente, si on n’est pas convaincu, en vertu de sa propre expérience, qu’avoir connu Jésus n’est pas la même chose que de ne pas le connaître, que marcher avec lui n’est pas la même chose que marcher à tâtons, que pouvoir l’écouter ou ignorer sa Parole n’est pas la même chose, que pouvoir le contempler, l’adorer, se reposer en lui, ou ne pas pouvoir le faire n’est pas la même chose. » (« La joie de l’Evangile », n° 265-266).
Alors que ces deux femmes sont en chemin, Jésus vient à leur rencontre, les salue, et il leur demande ensuite d’aller annoncer « à ses frères » qu’ils le verront en Galilée. Nous pouvons noter tout d’abord que c’est la première fois, dans l’Evangile, que Jésus parle de ses disciples comme étant « ses frères ». Pourquoi peut-il alors le faire ? En donnant sa vie pour nous, il s’est fait lui-même le Frère de toute personne humaine, aussi défigurée par la souffrance et par le mal qu’elle puisse être, et, par sa résurrection et par le don de l’Esprit Saint, il nous a donné de pouvoir lui être unis et d’être unis les uns aux autres, comme des frères. Nous savons combien cette dimension essentielle de la vie chrétienne, celle de la fraternité, était chère au cœur de François. N’est-ce pas pour cela qu’il avait d’ailleurs choisi son nom de Pape, voulant marcher sur le pas de saint François d’Assise, qui se voulait le frère de tous les hommes, sans exception ? Dans son encyclique « Fratelli tutti », François nous a exprimé son désir ardent que toute l’Eglise vive de ce mystère de fraternité universelle :
« Je livre cette encyclique sociale comme une modeste contribution à la réflexion pour que, face aux manières diverses et actuelles d’éliminer ou d’ignorer les autres, nous soyons capables de réagir par un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux mots. (…) Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble : Voici un très beau secret pour rêver et faire de notre vie une belle aventure. Personne ne peut affronter la vie de manière isolée. […] Nous avons besoin d’une communauté qui nous soutient, qui nous aide et dans laquelle nous nous aidons mutuellement à regarder de l’avant. Comme c’est important de rêver ensemble ! […] Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères. (« Fratelli tutti », n° 6.8).
Remarquons également que c’est en Galilée que Jésus annonce aux femmes que ses disciples le verront. Mais qu’est-ce que la Galilée ? C’est une partie du territoire d’Israël où vivaient des païens, ainsi que des juifs peu instruits, voire d’une fidélité douteuse à la loi de Moïse. Somme toute, la Galilée s’apparentait alors à ce que François appelait « les périphéries », c’est-à-dire tous ceux qui vivent à la marge de nos sociétés, à la marge de l’Eglise. Il est bon de réentendre aujourd’hui l’appel que François nous a tous adressé à être « en état de sortie », à aller vers ceux qui sont loin, pour leur donner de percevoir l’amour que le Christ a pour eux, pour qu’ils se découvrent eux aussi accueillis et aimés par nous, qui sommes ses disciples. C’est bien dans toutes les « Galilée » d’aujourd’hui que le Christ veut manifester sa présence, la victoire de sa miséricorde sur le mal :
« Dans la Parole de Dieu apparaît constamment ce dynamisme de “la sortie” que Dieu veut provoquer chez les croyants. Abraham accepta l’appel à partir vers une terre nouvelle (cf. Gn 12,1-3). Moïse écouta l’appel de Dieu : « Va, je t’envoie » (Ex 3,10) et fit sortir le peuple vers la terre promise (cf. Ex 3, 17). À Jérémie il dit : « Vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu iras » (Jr 1, 7). Aujourd’hui, dans cet “ allez ” de Jésus (cf. Mt 28, 19-20), sont présents les scénarios et les défis toujours nouveaux de la mission évangélisatrice de l’Église, et nous sommes tous appelés à cette nouvelle “sortie” missionnaire. Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile. » (« La joie de l’Evangile », n° 20).
Oui, François a été habité par le désir ardent que tous les hommes puissent découvrir l’amour du Christ pour eux, qu’ils découvrent aussi qu’ils ont leur place au sein de l’Eglise, et il n’a eu de cesse de nous envoyer en mission auprès de ceux qui, justement, ignorent cet amour ou se sentent rejetés ou abandonnés. Il a voulu faire tomber tous les murs qui nous séparent les uns des autres, qui nous empêchent de dialoguer les uns avec les autres. Il a pu le faire, car il était habité par cette espérance inébranlable qui trouve sa source dans la mort et la résurrection du Christ. Son départ, un lundi de Pâques, n’est-il pas une prédication silencieuse de l’invitation à l’espérance ? Et comment ne pas souligner le fait qu’il nous a quittés en cette année jubilaire à laquelle il a donné cette signification : « être pèlerins d’espérance » !
Chers frères et sœurs, rendons grâce au Seigneur pour tout ce que François a offert à l’Eglise et au monde et, à sa suite, soyons de vrais pèlerins de cette espérance qui, comme le dit saint Paul, « ne déçoit pas, parce que l’amour de Dieu a été répandu en nos cœurs par le saint Esprit qui nous a été donné » (cf. Rm 5,5). Oui, le Christ est vraiment ressuscité ! Soyons en les témoins auprès de tous ! Amen.
De nombreux paroissiens se sont réunis lundi soir dans l’église Saint Louis
pour prier pour le pape François.