La Communion des Saints : un mystère de lien, d’espérance et de mission.
(Enseignement donné par le père José lors de la réunion du groupe obsèques)
1- Introduction : un mystère au cœur de notre foi
La Communion des saints est une expression que nous proclamons chaque dimanche dans le Credo. Mais que signifie-t-elle vraiment ? Ce n’est pas seulement une idée consolante : c’est une réalité vivante, un mystère qui dit comment Dieu nous relie les uns aux autres dans le Christ, dans la vie, dans la mort et au-delà de la mort.
Pour celles et ceux qui accompagnent les familles en deuil, comprendre ce mystère permet :
– D’annoncer l’espérance chrétienne avec justesse,
– D’aider les proches à vivre une vraie communion avec leurs défunts,
– D’inscrire la mission des funérailles dans la foi de l’Église.
2- Qu’est-ce que la “communion des saints” ? Deux sens complémentaires :
1) La communion aux choses saintes (sancta) est la participation commune aux biens sacrés de l’Église : Les sacrements ( en premier lieu l’Eucharistie, mais cela inclut tous les sacrements par lesquels la grâce du Christ est transmise à l’Église), la Parole de Dieu, la grâce, la prière, les charismes, la charité… Tout ce que l’Église reçoit du Christ et qui nous sanctifie. Elle exprime que chaque chrétien ne vit pas sa foi isolément : ce que Dieu donne à l’un, il le donne à l’Église entière.
Pourquoi parle-t-on de communion ? Parce que ces biens viennent de Dieu, parce qu’ils sont donnés à l’Église dans son ensemble et parce que chaque fidèle y participe et en bénéficie, même à travers la vie des autres. Un exemple concret : l’Eucharistie qui est au cœur de cette communion aux sancta, parce qu’en recevant le même Corps du Christ, les fidèles sont unis au Christ, mais aussi les uns aux autres. C’est pourquoi saint Paul dit : « Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, nous sommes tous un seul corps (1 Co 10,17).
2-La communion entre les personnes saintes (sancti) : Le mot sancti signifie littéralement « les saints », non seulement les saints canonisés, mais tous ceux et celles qui appartiennent au Christ, c’est-à-dire l’Église pèlerine (nous ici et maintenant, l’Église souffrante (les âmes du purgatoire) et l’Église glorieuse (les saints du ciel).
3- Une communion vivante : les trois dimensions.
Les fidèles vivants sur la terre – l’Église en « chemin » ( ecclesai peregrinans) ; Les âmes du purgatoire – l’église en « purification » ou église souffrante (ecclesia purgans) et Les saints du ciel – l’église en « gloire » ( ecclesia triumphans).
– a) les fidèles vivants sur la terre – l’Église pèlerine ( nous, ici et maintenant)
Nous marchons vers Dieu avec nos fragilités. Dans la communion des saints nous nous portons les uns les autres dans la prière, nous bénéficions des mérites du Christ et des saints, nous pouvons offrir nos actions, nos souffrances et nos messes.
– b) Les âmes du purgatoire – l’église en « purification » ou église souffrante (ecclesia purgans). Ce sont ceux qui sont morts dans l’amitié de Dieu mais en voie de purification. Nous pouvons prier pour eux, offrir des messes, faire des actes de charité à leur intention. La liturgie des funérailles et du 2 novembre porte particulièrement cette dimension.
– c) Les saints du ciel – l’église en « gloire » ( ecclesia triumphans). Ils ne sont pas « hors de portée » car ils intercèdent pour nous, ils rejoignent notre prière et ils sont signe de notre propre vocation à la sainteté… Ces trois états de l’Église ne sont donc pas séparés : ils communiquent, prient les uns pour les autres, s’entraident. Ainsi la mort ne brise pas la communion : elle la transforme.
- La communion des saints et la mort chrétienne
Pour les équipes funérailles, c’est un point central : nos défunts ne disparaissent pas ; ils demeurent dans cette communion.
Ce que cela change pour ceux qui restent : On peut continuer à aimer les défunts en priant pour eux. L’amour ne s’arrête pas avec la mort : il change de forme. Ils continuent à nous aimer, à leur manière, dans la lumière de Dieu.
Pour les familles endeuillées : Ce mystère permet de parler de la mort sans nier la douleur. Il permet aussi d’inscrire le deuil dans un horizon : la rencontre finale dans le Christ.
5- La liturgie des funérailles : une célébration de la communion des saints
La liturgie ne nie pas la souffrance, mais elle rappelle que le défunt est remis à la miséricorde de Dieu, que toute l’Église prie pour lui, que les saints l’accueillent comme des frères et sœurs, que le Ressuscité ouvre un passage vers la vie.
Chaque signe liturgique renvoie à la communion :
L’eau bénite : rappel du baptême, entrée dans le peuple des saints.
L’encens : honneur au corps appelé à ressusciter.
La lumière : signe du Christ ressuscité qui éclaire tous les siens.
La prière universelle : communion avec tout le Corps du Christ.
6- Quelle parole donner aux familles ?
Quelques formules simples, fidèles à la foi de l’Église et réconfortantes :
« Dans la foi chrétienne, la mort n’est pas une séparation définitive : nous restons en communion avec ceux et celles qui nous ont précédés. »
« Nous croyons que le Christ rassemble les vivants et les morts. »
« Notre prière aujourd’hui est un acte d’amour pour votre défunt.« Le Seigneur n’oublie jamais les siens : personne ne disparaît devant Dieu. »
7- Conclusion : une mission d’espérance
La communion des saints est une réalité de consolation, d’unité et d’espérance.
Elle éclaire profondément la mission de celles et ceux qui accompagnent les familles en deuil :
Vous n’êtes pas seulement des organisateurs, mais des témoins de la Résurrection, des serviteurs de la communion, des passeurs d’espérance.
Cette mission est belle, exigeante, et profondément enracinée dans le cœur de l’Église.
Soyez tous bénis du Seigneur pour cette mission que vous avez accepté de remplir au nom de l’Église.
Père José+