Kyrie eleison

 

Questions concernant le Kyrie :  elles touchent à la fois à la théologie liturgique et à l’histoire de la liturgie chrétienne.

1. Origine et structure du Kyrie : Le Kyrie eleison (« Seigneur, prends pitié ») est une prière très ancienne, probablement d’origine orientale (grecque), intégrée très tôt dans la liturgie latine. Il est l’un des rares éléments de la messe romaine à avoir conservé le grec.

Sa forme typique est :

Seigneur, prends pitié (Kyrie eleison)

Ô Christ, prends pitié (Christe eleison)

Seigneur, prends pitié (Kyrie eleison)

Ce schéma, bien que parfois étendu ou modifié selon les rites, met en valeur une triple invocation adressée à Dieu, mais pas de manière strictement trinitaire dans le sens systématique du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

2. Pourquoi ne pas mentionner explicitement l’Esprit Saint ? Plusieurs raisons théologiques et liturgiques peuvent éclairer cela :

a. Une prière d’invocation, pas une confession trinitaire

Le Kyrie est une prière de supplication, presque un cri adressé à Dieu pour obtenir sa miséricorde. Ce n’est pas une confession de foi structurée comme le Credo, où la Trinité est explicitement nommée. On invoque ici Dieu dans sa miséricorde, et la répétition “Seigneur” peut être comprise de manière plus générale que strictement en référence au Père.

b. “Christe eleison” comme centre christologique

Au centre du Kyrie se trouve le Christ, reconnu comme Seigneur et source de miséricorde. Dans la perspective chrétienne, la miséricorde de Dieu se révèle pleinement dans le Christ, d’où son rôle central ici.

c. L’Esprit Saint agit “silencieusement” dans la liturgie

Dans la tradition théologique, l’Esprit Saint est souvent vu comme l’inspirateur de la prière elle-même : il agit à travers la prière, dans le cœur du croyant, plus que comme une Personne invoquée séparément dans ce moment liturgique précis. On pourrait dire qu’il est implicitement présent, comme celui qui rend possible le cri “Seigneur, prends pitié” (cf. Romains 8, 26-27).

d. Développement historique : Historiquement, le Kyrie a été inséré dans la messe romaine à une époque où l’accent était mis sur la supplication au Dieu tout-puissant, avec une teinte christologique forte. L’Esprit Saint sera davantage invoqué dans d’autres moments de la messe, notamment lors de l’épiclèse, pendant la prière eucharistique (où l’on demande qu’il descende sur les dons et sur l’assemblée).

Résumé : On ne mentionne pas explicitement l’Esprit Saint dans le Kyrie parce qu’il s’agit d’une prière de miséricorde centrée sur Dieu en tant que “Seigneur”, avec un accent particulier sur le Christ, source de la miséricorde. L’Esprit Saint, bien que non nommé, est présent en arrière-plan, comme celui qui inspire la prière et guide l’assemblée dans sa supplication.

2) – Dans les messes avec baptême, on omet l’acte pénitentiel au début. Est-ce demandé par les évêques ou une particularité de notre pôle ?

Oui, il est permis d’omettre l’acte pénitentiel au début de la messe lorsqu’un baptême est célébré au cours d’une messe, et cela est prévu explicitement par les normes liturgiques de l’Église catholique

Référence liturgique : Le document officiel “Présentation générale du Missel romain” (Institutio Generalis Missalis Romani, IGMR) — qui régit la structure de la messe dans le rite romain — prévoit plusieurs formes d’ouverture pour la messe, et donne des indications sur les cas où certaines parties peuvent être omises.

Voici ce que dit le n°51 de l’IGMR : « Après l’hymne, le prêtre invite l’assemblée à se reconnaître pécheresse devant Dieu. Ensuite, tous font ensemble l’acte pénitentiel. Toutefois, il peut être omis si un autre rite d’ouverture est prévu à ce moment, comme l’aspersion avec l’eau bénite ou un autre rite d’accueil. »

Cas du baptême : un autre rite d’ouverture : Quand un baptême est célébré pendant la messe, notamment au début, le rite d’accueil du baptême (avec les signes de la croix, éventuellement l’aspersion, etc.) remplit déjà une fonction pénitentielle et de purification. Il n’est donc ni nécessaire ni liturgiquement conforme de « doubler » avec un second acte pénitentiel. Parfois, le prêtre remplace l’acte pénitentiel par l’aspersion avec l’eau bénite, qui évoque le baptême : cela aussi est pleinement autorisé (IGMR n°51).

 Donc, en résumé :

  • Oui, l’omission de l’acte pénitentiel lors d’une messe avec baptême est permise.
  • Cela respecte les normes liturgiques si le rite du baptême ou un autre rite d’ouverture (comme l’aspersion ou le signe de croix) est intégré au début de la messe.
  • Ce n’est pas un oubli ni une négligence, mais une adaptation prévue par l’Église.

 Kyrie messe de la Trinité

 Kyrie messe de sainte Cécile