« La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle… »

La parabole d’aujourd’hui semble, à première vue, ne pas nous concerner puisque Jésus s’adresse aux chefs des prêtres et aux pharisiens. Il leur dit explicitement : « Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit. » Saint Matthieu ajoute même, un verset plus loin : « Les grands prêtres et les pharisiens, en entendant ces paraboles, comprirent bien qu’il les visait. » Passons donc plus loin !

Oui, mais ! … Ne tournons pas trop vite la page ! La question centrale qui détermine le sens de la parabole, est : pourquoi les vignerons ont-ils voulu éliminer les serviteurs et même tuer le fils ? La réponse est précise : parce que l’une des tentations les plus terribles pour les chefs d’Israël a été de se croire propriétaires, sans doute pas de Dieu lui-même, mais de sa Parole. Ils se sont emparés de la Loi pour imposer leurs propres commentaires et maintenir le petit peuple sous leur pouvoir. Jésus les dénoncera : « Ils lient de pesants fardeaux et les imposent aux épaules des gens, mais eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt. »

Cette tentation n’a pas disparu dans la communauté des chrétiens. Saint Pierre est obligé de reprendre les « anciens » de l’Église : « Vous, les responsables du peuple, veillez sur le troupeau de Dieu qui vous est confié, non pas contraints, mais de bon cœur… non pas en faisant les seigneurs à l’égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant des modèles du troupeau ». Jésus, lui, est venu pour nous libérer de toute peur, pour faire de nous des hommes et des femmes libres dans l’Esprit.

Alors, la parabole de ce dimanche me concerne, moi, et pas seulement les responsables de l’Église. Je peux vouloir être le maître de ma vie, la conduire à ma guise, m’imaginant devenir « libre ». Mais je ne serai qu’esclave de moi-même, de mes caprices ! Et je finirai par considérer les autres comme étant à mon service. Ce n’est qu’avec Jésus que je trouverai ma vraie liberté et que je porterai un fruit évangélique savoureux.

Père José