« Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur ».

La parole de l’homme est souvent ambiguë, elle n’exprime que partiellement le fond du cœur et de la pensée. Seule la parole de Dieu est en accord avec son action. Nous le lisons dès la Genèse, Dieu dit et il fait.

L’enseignement de Jésus concerne ici  la vue. Le chemin humain, donc spirituel, proposé aux disciples consiste à cesser d’être aveugle c’est-à-dire à travailler sur ce qui empêche de voir. Le disciple sera ainsi  capable de se diriger et d’éviter les obstacles.  Mais pour arriver à bien voir, il s’agit d’ôter du regard ce qui l’obstrue. Jésus souligne que ce travail sur ce qui nous empêche de voir est une activité critique personnelle. C’est la prise de conscience  qu’il y a des filtres, des distorsions, des préjugés. Que le monde n’est pas exactement ce qu’il nous apparaît être et que notre regard est teinté par notre histoire et notre place dans le monde.

Comprendre que notre regard est empêché, c’est prendre la mesure que nous ne pouvons  simplement tenir pour vrai ce que nous pensons du monde. Jésus demande à chacun de ses disciples de se donner les moyens de voir avec plus de clarté.

L’entreprise est compliquée tant nous tenons pour vrai ce que nous voyons des autres. Comment repérer les filtres qui obstruent notre vision du monde ? Ce travail critique demande une ouverture, un dialogue, une fréquentation d’autres personnes. La rencontre de l’autre est le lieu où l’on prend conscience de la singularité de notre propre regard et très souvent du caractère très limité de nos accès au monde. Cette prise de conscience est un point de départ. Il reste ensuite à accepter de penser contre soi-même, à lâcher ce faux-moi qui nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Ce chemin est celui du disciple qui accepte d’avancer en abandonnant les certitudes du départ pour gagner en clarté. Dans cette voie, mieux vaut être accompagné. C’est tout le paradoxe qui découle de cette parabole où plutôt que de chercher  à enlever chez l’autre ce qui ne va pas dans son regard, il serait bien plus souhaitable de lui demander de l’aide.

« Enlever la poutre qui empêche de voir clair », c’est se tourner vers Dieu pour pouvoir regarder comme Dieu regarde, parler comme Dieu parle, aimer comme Dieu aime.

Père José