Interview Père Do

 

Interview Père Do

Quel est votre état d’esprit à quelques semaines de votre retour à Madagascar ?

Je ne suis pas triste, même si le départ va « piquer » un peu. Après six années en France, je termine mon plus long engagement pastoral et mon premier rôle de vicaire paroissial à plein temps. À Madagascar, j’étais directeur d’écoles et étudiant en théologie. Mon rôle d’aumônier au collège Jeanne d’Arc m’a aidé à m’intégrer ici. Je pars avec une profonde reconnaissance pour l’accueil respectueux et amical que j’ai reçu. Même si je n’ai pas toujours été à la hauteur, je me sens comme une nouvelle personne grâce aux fidèles. Je suis tiraillé : incapable de partir, mais impossible de rester.

Que retiendrez-vous de ces six années ?

La communauté fraternelle entre les prêtres ici m’a beaucoup marqué, particulièrement le Père Philippe qui a contribué à mon épanouissement spirituel. Contrairement à ce qu’on pense à Madagascar, où l’on croit que les églises françaises sont vides, j’ai découvert une Église vivante et enthousiaste avec une forte implication des laïcs. Sur un plan personnel, le décès de ma mère en 2021, en pleine pandémie, a été un tournant majeur. Je n’ai pas pu repartir, mais j’ai été très entouré, notamment lors de la messe de funérailles à Chailly. La célébration du quinzième anniversaire de mon ordination en octobre dernier a également été inoubliable. Je suis reconnaissant pour les relations amicales et fraternelles que j’ai établies ici. J’ai apprécié les engagements au sein des entités et mouvements tels que les scouts et guides de France, l’aumônerie des jeunes et l’Ordre de Malte.

Qu’avez-vous éprouvé devant notre société de consommation ?

J’étais impressionné par l’aéroport de Roissy CDG et le TGV, ce qui est impensable pour un Malgache. C’était une fierté de découvrir cet univers développé et sophistiqué. Je n’ai eu aucun problème à appréhender un monde opposé à mes habitudes, mais cela a renforcé ma conscience de la pauvreté de notre île, non seulement économique mais aussi culturelle et internationale.

Qu’a changé votre séjour sur le regard que vous portez à votre diocèse d’origine ?

Mon séjour en France m’a donné une vision plus élargie et un équilibre personnel, ce qui me permet de remettre en question certaines pratiques locales. En France, j’ai appris l’importance de solliciter les laïcs pour entreprendre de belles choses. La proximité, le contact personnalisé et l’écoute sont très fructueux, par exemple dans la préparation au mariage, qui se fait ici de manière individualisée. Cette expérience conforte mon intuition que de telles pratiques sont bénéfiques et applicables à mon diocèse d’origine.

Le mot de la fin, Père Do ?

MERCI ! Je garderai au fond de moi tout ce que nous avons vécu ensemble et les visages des fidèles de Fontainebleau. Je suis convaincu que tout cela portera des fruits pour les diocèses de Meaux et de Miarinarivo. Notre collaboration renforce le partenariat entre nos deux diocèses, comme en témoigne la récente visite de Mgr Guillaume de Lisle à l’ordination de notre nouvel évêque. Je suis fier d’avoir contribué à cette coopération enrichissante. Je vais retrouver ma famille, et les nombreux bouleversements depuis le décès de ma mère ont éveillé en moi un côté artistique, notamment en musique, avec la création d’un groupe coordonné par ma sœur, visant à véhiculer des valeurs évangéliques à travers les concerts.

MERCI, Père Do : vous nous manquerez !   Propos recueillis par Catherine Philippe