« Ce qui a sauvé le monde c’est l’Amour ! »

Au moment où nous célébrons la fête de la Nativité du Christ, nous sommes habités par des sentiments contraires. Pour nous, chrétiens, qui savons pourquoi cette nuit est une nuit d’allégresse, nous nous réjouissons en vérité de la naissance du Sauveur. Mais d’un autre côté, les difficultés présentes de l’histoire des hommes, notamment cette crise sanitaire qui n’en finit pas, provoquent chez nous une certaine gêne, comme si nous avions mauvaise conscience. Quand tant d’hommes souffrent, pouvons-nous nous laisser aller à la joie sans paraître insensibles à la misère du monde ou sans être taxés d’irréalisme ?

Il nous faut accepter ce malaise car il est révélateur de la réalité que nous vivons. Nous recevons en cette nuit sainte la promesse de Dieu annoncée par les anges aux bergers : « Paix sur la terre aux hommes que Dieu aime ! » (Lc 2, 14). Non seulement nous la recevons, mais nous croyons qu’elle est une parole authentique qui nous est destinée autant qu’aux bergers de Bethléem. Cette promesse n’est pas une sorte de formule magique qui effacerait comme par miracle toutes les difficultés de l’existence. Elle est une promesse qui nourrit notre espérance tout au long de l’histoire de l’humanité : Dieu aime les hommes et veut leur donner sa paix.

Le Sauveur du monde nous sauve par le don de sa vie qu’il fait dans l’amour. Il nous donne ainsi la plus grande leçon de catéchisme, celle que nous ne devrions jamais oublier : ce qui a sauvé le monde, ce qui sauve le monde, ce qui sauvera le monde, c’est l’Amour.

Accueillons donc la joie de cette nuit très sainte comme elle nous est donnée, c’est-à-dire comme un signe de l’amour de Dieu pour nous et un appel à nous engager nous aussi dans l’amour de nos frères. Quand chacun cherche à posséder plus, quand nous rêvons d’assurance et de garanties pour l’avenir, au mépris même de notre intérêt bien compris, il nous montre que l’amour et la confiance en Dieu mettent ailleurs l’espérance de notre vie.

En cette sainte nuit recevons le message de l’amour de Dieu qui se donne jusqu’à la mort. Laissons-nous emporter par la joie de la Nativité en acceptant d’entrer avec Jésus dans une vie de partage qui va au plus près de ceux et celles qui souffrent, et qui ne fuit pas devant l’épreuve. Pourrions-nous être joyeux si nous fermions nos cœurs et nos vies à la misère de nos frères ? Pourrions-nous être joyeux si notre amour s’évapore aux premières difficultés ? Que la faiblesse de l’enfant nouveau-né soit pour nous une source de force et de persévérance, une source de paix et de fraternité, une source de la joie promise par Jésus à ses disciples.

Joyeux et saint Noël !

Père José